La jeunesse du héros

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Le contexte historico-géographique exposé, je vous propose aujourd’hui la suite d’Apocalypse avec la jeunesse du personnage principal.
« Hiver 1180 ; une femme enceinte frappe à la grande porte de l’Abbaye. Il s’agit d’une servante du seigneur de Parroy. Tout le village la connaît ; chassée du domicile conjugal par son mari, l’enfant qu’elle porte serait l’oeuvre d’un chevalier de la forteresse de Haute-Pierre. Elle serait, dit-on, hébergée au château et vivrait dans le péché avec son amant. Les ragots font souvent plus mal que les faits en cette époque et la femme qui vient chercher l’aide d’un prêtre médecin ne se fera pas ouvrir la porte du monastère. Epuisée par les douleurs de l’enfantement, la femme s’écroule devant cette porte désespérément close. La neige et le froid de la nuit s’abattent sur elle sans qu’elle ne puisse luter.Une silhouette blanche se détache doucement de l’obscurité du cloître. Un homme apparaît. Il porte une barbe et des cheveux noirs très long ; il est vêtu d’une longue et ample toge aussi blanche que la neige au sol et on devine en dessous une armure de métal et une épée. Il s’approche de la jeune femme, lui pose la main sur le cou à la recherche de quelque signe vital et la porte dans ses bras. Il se retourne vers la porte et lance un « ouvrez-moi» qui ouvre instantanément l’énorme panneau de chêne. L’homme en blanc traverse alors l’allée centrale de l’église sous les regards effrayés et intrigués des moines bénédictins en habit noir. Il pose la femme sur le maître-autel et ordonne « qu’on sauve son enfant » et s’en retourne dehors. Les moines s’exécutent aussitôt.
La femme mourra lors de l’accouchement mais l’enfant survivra et sera pris en charge par les moines.

L’enfant sera élevé par des bûcherons du hameau de La Presle jusqu’à ses 17 ans. Peu bavard et solitaire, il n’entretiendra pas de relations affectives avec sa famille d’adoption. Bien que personne ne lui ai jamais dit, il sait que ce ne sont pas là ses vrais parents et se contentera d’être amical et courtois avec eux. A chaque nouvelle lune, l’homme en blanc vient rendre visite à l’enfant, s’inquiète de sa santé, délivre une bourse aux parents et s’entretient de longues heures avec l’enfant. Dès ses 17 ans, ce dernier quitte sa famille d’adoption et s’installe dans une petite cabane en pleine forêt. Ses réflexes prodigieux et sa grande précision feront de lui un chasseur exceptionnel, ce qui lui permettra de vivre décemment.

Voilà maintenant plus de 5 ans qu’il vit totalement seul. Ses seuls contacts avec le monde reviennent chaque jeudi lorsqu’il part vendre son gibier sur le marché de Médium Monasterium. Les commentaires vont bon train sur cet homme des bois célibataire et quasiment muet qu’on ne voit ni à l’église, ni aux fêtes. En dehors de la chasse, celui-ci voue une véritable passion à la lecture. Ayant appris à lire auprès de l’homme en blanc, il dévore les nombreux volumes que ce dernier lui a laissé lors de leur dernière rencontre il y a 5 ans.

Un soir d’automne 1202, notre jeune homme poursuit un lièvre dans la forêt de Malfosse, ainsi nommée car abritant un ermitage où étaient ensevelis les enfants mort-nés. C’est également un lieu de pèlerinage pour les lépreux de la région, la source de Malfosse étant, dit-on, miraculeuse. Toujours est-il que lorsqu’il passe devant l’ermitage, le jeune homme ne voit ni mort-né, ni lépreux, ni même le lièvre qu’il poursuivait mais deux hommes vêtus de noir qui semblent attendre quelque chose ou quelqu’un.

Leurs chapeaux, leurs bottes et le fourreau qui dépassait de leur grande cape indiquaient clairement leur appartenance. Le jeune homme les salue poliment et feint de continuer son chemin en pensant qu’il doit s’agir de deux chevaliers du seigneur de Parroy. Mais alors qu’il les dépasse, notre chasseur est arrêté par l’un des hommes qui lui retient l’épaule avec sa main.

«On dit que tu es le meilleur chasseur de la vallée !
– On dit tellement de choses
-Serais-tu intéressé de devenir chasseur pour notre seigneur Aubert de Parroy ?
-C’est pour cela que vous êtes ici ?
-Oui
-Comment m’avez-vous trouvé ici ?
-Es-tu intéressé ou non ?
-Pourquoi pas…
-Suis-nous. »

Les trois hommes se dirigent donc vers la forteresse de haute-pierre et notre jeune homme ne pose pas de question supplémentaire. Vivre au château serait une expérience intéressante et ces hommes lui paraissent étrangement familiers malgré leur allure impressionnante. Arrivé au château, le jeune homme est accueillit par Aubert de Parroy en personne. L’homme est réputé pour sa violence et son manque de tolérance mais cela ne semble pas impressionner notre chasseur solitaire. Toute la cour du seigneur est là . Chacun regarde le jeune homme et échange un mot ou un sourire avec son voisin. On dirait qu’il est attendu. Le seigneur de Parroy s’adresse alors à son futur sujet :

« Comment te nommes-tu chasseur ?
– On m’a donné le nom d’Eurynome.
– Etrange prénom pour quelqu’un de la vallée…
– C’est le nom que m’a donné l’homme qui m’a recueillit
– Oui…. Michel.
– Vous le connaissez ?
– Là n’est pas la question. Tu prendras tes fonctions de chasseur officiel dès demain à l’aube. En échange tu seras nourri et logé ici, au même titre que mes autres chasseurs et chevaliers. Caym va t’indiquer ta cellule. »

Eurynome salue le seigneur en signe de remerciement et suit l’homme en noir qui l’avait interpellé à Malfosse. Celui-ci emmène Eurynome dans une petite pièce de la tour Nord où un lit et un tabouret en bois sont l’unique mobilier. Une meurtrière lui permet de voir le soleil se coucher sur l’abbaye bénédictine. Caym souhaite bonne nuit à notre jeune homme et referme la porte. Eurynome est à nouveau seul mais éprouve un étrange sentiment de bonheur et l’impression d’avoir trouvé une vraie famille en ces gens qu’il ne connaît que depuis quelques minutes, qui ne sont pas de son milieu mais qui viennent de lui offrir une situation en or. »

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