Street Fighter II’ : Les bootlegs

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Le succès et la popularité n’ont pas que des avantages pour les éditeurs : très rapidement, on voit fleurir en arcade des versions pirates de Street Fighter II’, souvent identiques à l’original, parfois modifiées. Petits tests de deux hacks particulièrement jouissifs.

 

Victime de son succès

La réussite de Street Fighter 2 est tel que, très rapidement, des bidouilleurs informatiques vont chercher à produire des copies du titre à succès de Capcom pour les revendre à bas prix. Ces dernières sont couramment appelées bootlegs, à l’image des enregistrements d’albums musicaux non-officiels ou des bouteilles d’alcool de contrebande vendues illégalement lors de la prohibition américaine. Le support physique du jeu étant une simple carte électronique ne nécessitant ni boîtier, ni connectique propriétaire, la fabrication maison d’un jeu d’arcade s’avère bien plus aisée que sur console, le plus compliqué étant le dump (récupération des données du jeu). Ces caractéristiques physiques sont d’ailleurs si peu contraignantes que ce ne sont pas uniquement les jeux qui seront piratés, mais carrément le système CPS en entier ! Il n’est donc pas rare, même encore actuellement, de trouver des système complets (carte mère + jeu) de SF2 n’ayant aucun lien avec l’éditeur original. Cette explosion de versions piratées des jeux de Capcom, et en particulier de SF2 et de ses évolutions, fera la joie des exploitants de salles peu scrupuleux et n’ayant pas peur d’acheter leur matos sous le manteau, mais irritera fortement l’éditeur officiel. Capcom développera donc par la suite une prudence proche de la paranoïa, qui se concrétisera par la mise au point des systèmes CPS-2 et CPS-3 archi sécurisés, tant sur le plan matériel que logiciel. Mais revenons à nos boutons et à une utilisation maligne des bootlegs : le hacking.

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Hacking sauvage

Comme nous l’avons vu, bootléguer ne consiste pas à laisser ses bottes en héritage à ses descendants mais bien à contrefaire un jeu vidéo. Puisque les pirates ont réussi à récupérer les données du jeu, pourquoi ne les modifieraient-ils pas ? C’est ainsi que naissent différentes modifications (totalement non-officielles puisque illégales), souvent basées sur la version Champion Edition, pour une raison qui m’échappe (faille de sécurité ou juste la plus complète au moment du boom des bootlegs ?). D’une manière générale, ces hacks introduisent des choses similaires, à des degrés différents. On retrouve ainsi une vitesse accrue, voire démesurée pour certains, des coups spéciaux réalisables en l’air ou encore la possibilité de changer de personnage en plein match, tout simplement en appuyant sur START. Alors que certains hack se contentent d’intégrer un seul de ces éléments, d’autres tentent d’inclure le plus de modifications possibles, n’hésitant pas à aller dans les extrêmes les plus fous. C’est ainsi que l’on peut voir Ryu lancer 5 boules de feu simultanées et à têtes chercheuses ou Blanka traverser l’écran en électrisant tout ce qu’il touche. Rendez-vous quelques lignes plus bas pour un aperçu de deux bootlegs représentatifs de cette tendance.

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Un bien pour un mal

Alors pourquoi je vous parle des bootlegs ? Après tout, c’est une hérésie d’oser toucher à un jeu culte comme Street Fighter II ! Laissons faire les pros de Capcom et cessons immédiatement de parler de ces versions piratées qui n’ont fait que du tort à l’éditeur ! Et bien il se trouve que Capcom n’est pas resté insensible aux modifications sauvage de ces titres. Tout en réfléchissant à la manière de stopper au mieux leur prolifération dans l’avenir, l’éditeur prend le temps d’étudier les différents hacks afin d’en tirer d’éventuelles idées et innovations pour leur prochain titre. Bien entendu, le but n’est pas de faire un Street Fighter « Kameha Edition » complètement déjantée, Capcom ne gardera que quelques aspects de ces hacks : la vitesse élevée et la possibilité d’exécuter certains coups spéciaux en l’air. Le résultat s’appelera Street Fighter II’ Turbo (Hyper Fighting), il cartonnera encore plus que son prédécesseur et fera l’objet d’un prochain test.

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Test de SF2′ Rainbow

Penchons-nous donc sur ce premier hack sélectionné avec soin : Street Fighter II’ Champion Edition Rainbow, du nom de l’affreux color swap du logo qui évoque (vaguement) un arc-en-ciel. Au premier abord, rien de bien exubérant : tous les personnages sont là, avec leur looks, thèmes et décors habituels et la vitesse globale semble être la même. Le match commence et une première chose inhabituelle nous saute aux yeux, à savoir la vitesse de déplacement de notre personnage. En effet, si les sauts n’ont pas été retouchés, la marche est bien plus rapide, et ce de façon proportionnelle à lenteur de base du personnage. Je m’explique : si vous utilisez Zangief ou Dhalsim, vous pourrez traverser l’écran à une vitesse hallucinante, juste en allant à gauche ou à droite, ce qui compense le côté originellement pataud de ces personnages. Un hack malin qui se paye le luxe de donner un semblant de rééquilibrage aux personnages ? Incroyable mais vrai !

Les plus grosses modifications proviennent sans aucun doute des coups spéciaux, permettant désormais toutes sortes de fantaisies. Les différents types de projectiles (hadoken, yoga’s fire, sonic boom…) sont desormais soit très très lents, soit supersoniques, ils peuvent s’exécuter à la chaîne, en l’air et sont à tête chercheuse ! Les autres coups spéciaux ont également été modifiés et couvrent généralement bien plus d’espace (attendez vous à traverser complètement l’écran pour tout coup qui engendrera un déplacement) et peuvent même déclencher un hadoken au passage ! Tous, sans exception, sont réalisables en l’air et permettent même de sortir de l’écran dans sa verticalité. Dernier point non négligeable et certainement le plus délirant, vous pouvez « morpher » en un autre personnage à tout moment (sauf pendant l’exécution d’un coup) en appuyant simplement sur Start !

Inutile de vous dire que ces modifications donnent lieu à des matchs complètement hallucinants où fusent des coups ultra rapides et imprévisibles, entrecoupés d’averses de projectiles où l’on ne sait plus trop qui est qui, mais procurant un indéniable plaisir ! Rainbow est certainement le hack le plus populaire de SF2, sûrement grâce à ses ajouts, certes farfelus, mais maîtrisés. En effet, les modifs n’engendrent pas trop de bugs, les matchs restent globalement jouables et on constate même un certain équilibre entre les personnages grâce à l’ajout de boules de feu et de déplacements améliorés pour les plus lents. Bien sûr, Rainbow reste une bidouille, une curiosité délirante que l’on essayera plus pour la découverte que pour de vrais matchs de tournois, il n’empêche qu’il fait passer un excellent moment, en particulier si vous connaissez bien le jeu d’origine.

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La note du gros JYP : 3etoiles

 

Bon délire !

Rainbow est une curiosité que tout amateur de Street Fighter 2 se doit d’essayer.

 

Ma vidéo de Gameplay sur 1 credit :

 


 

Test de SF2′ Xiang Long (Koryu)

D’après mes recherches, ce hack est trouvable sous les deux noms et puise ses origines à Taïwan. Tout comme Rainbow, il est basé sur SF2’CE, il permet d’effectuer tous les coups spéciaux en l’air et de changer son personnage en plein match via Start. Là où Koryu va plus loin, c’est qu’il propose quelques modifications graphiques, en particulier sur le plan des palettes de couleurs, des animations des arrières-plans de certains décors, mais aussi au niveau de l’écran titre. On peut ainsi jouer avec un Ryu en habit rouge, un Sagat aux Tigers noirs ou voir des vélos verts fluos dans le stage de Chun-Li. Plus proche du glitch que d’une véritable refonte des couleurs, cet aspect n’est pas le plus intéressant. Ce qui est plus amusant, c’est de découvrir le niveau de Honda agrémenté d’une nouvelle musique (le thème de son ending en fait) ou celui de Ryu bénéficiant de nuages filant à toute allure !

Côté gameplay, c’est la fête du slip ! Les coups spéciaux de Rainbow étaient déjà délirants, ceux de Koryu sont déments. Il est ainsi possible de faire des low dragon punch qui lanceront instantanément un mur de 7 boules de feu lentes, ou encore un medium dragon punch qui en balancera autant… mais super rapides et à têtes chercheuses ! Au registre des coups hillarants, on trouve également un « Tiger Flame », exécuté et prononcé par Sagat lors d’un… Tiger Uppercut ! Si ces coups spéciaux à peine croyables nous font mourir de rire, ils deviennent vite un frein à l’enjeu des matchs puisqu’il suffit de sortir le bon coup dès le début pour bloquer l’adversaire et le soumettre ensuite à notre puissance de feu. Plus gênant, toutes ces modifications donnent naissances à beaucoup de glitches et de bugs plus ou moins gênants. Dans le domaine de l’amusant, on peut ainsi voir les caisses du niveau de Guile s’envoler après destruction ou encore constater le déplacement des corps des vaincus qui semblent glisser sur le sol. Côté pénible, on débute chaque round en lévitation et pire, on peut se faire choper à plusieurs mètres de distance sans aucun recours !

Au final, SF II’ Koryu c’est un peu comme dessiner une moustache sur un chef-d’oeuvre (coucou M. Duchamp) : ça peut être très drôle, mais ça n’a qu’un intérêt très limité. Nul doute que ce hack vous offrira des moments de franche rigolade (il suffit de jeter un oeil à la video ci-dessous) mais se voit plomber par ses ajouts abusifs et ses trop nombreux bugs. A essayer tout de même si vous êtes curieux et aimez exploiter les glitches pour placer des combos infinis.

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La note du gros JYP : 2etoiles

 

Too much !

Koryu offre des sensations proches des Mugen les plus crackés !

 

Ma vidéo de Gameplay sur 1 credit :

 

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Commentaires: 2 commentaires

2 réactions sur “Street Fighter II’ : Les bootlegs”

  1. psychogore dit :

    Le Ryu en rouge à l’air de porter du velours ^^

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