Spitting Image (Atari ST)

Plongeons dans les plus sombres recoins de mes boîtes à disquettes pour jeter un oeil à un jeu complètement barré de 1988 : Spitting Image sur Atari ST.

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British Guignols

Avant d’être le jeu vidéo dont nous allons parler, Spitting Image était avant tout une émission de télé britannique équivalente à nos Guignols de l’Info, ces derniers s’étant d’ailleurs fortement inspiré de la version anglaise. Il s’agissait donc d’un show satyrique métant en scène des marionnettes à l’effigie des personnages publics et politiques de l’époque (l’émission a durée de 1984 à 1996). Chose assez rare pour l’époque et pour une émission de télé, une adaptation en jeu vidéo vit le jour. Penchons-nous donc sur la version Atari ST.

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Ca ne nous rajeunit pas…

Je met le jeu dans mon ST, j’allume la bête, j’attends un peu le chargement, bercé par le « grrzzzt grzzzzt » du lecteur de disquette. Je suis réveillé en sursaut par une musique flippante accompagnant un long texte qui m’apprends qu’une prophétie annonce une terrible guerre mondiale imminente, initiée par un leader mystérieux, un conflit « si terrible que les italiens abandonneront et si violente que même les suisses seront impliqués ». Pour éviter cela, 6 grands dirigeants décident de se battre eux-même les uns contre les autres, le gagnant devenant le maître du monde ! Ok, le ton est donné, déconne, satyre politique et humour absurde seront de la partie. L’intro se termine sur une grosse montée de batterie précédent une petite musique rigolote qui laisse apparaître l’écran de sélection des personnages.

Ils sont au nombre de 6 et me donnent un sacré coup de vieux : Margaret Tatcher, le pape Jean-Paul II, Mikhail Gorbachev, Ronald Reagan, l’Ayatollah Khomeini et Pieter Willem Botha. Si vous avez moins de 30 ans, pas sûr que tous ces noms vous parlent, sinon, bienvenue dans la géopolitique mondiale des années 80 ! Les tronche de chaque personnage sont très bien faites, les caricatures excellentes, le graphisme est tout à fait correct et le must : une petite animation propre à chacun se déclenche lorsque je survole un portrait avec mon curseur ! On peut ainsi voir Tatcher perdre sa moumoute, l’Ayatollah se faire arroser par la petite marionnette qu’il a au bout de son bras ou encore le pape se la jouer rock star avec ses Ray-Ban. Ca ne sert à rien, c’est tout con, mais moi ça m’amuse vraiment et je perds au moins 5 minutes à me délecter de ces petites animations franchement réussies. Bon, par contre la musique a beau être entraînante, elle commence sérieusement à me gonfler à tourner en boucle aussi vite… je vais donc choisir mon personnage. C’est plutôt malfoutu et déroutant : je dois choisir en premier mon adversaire, puis seulement après, le combattant que j’incarnerai.

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J’ai mal au stick !

Ok, le jeu à proprement parler se lance, très rapidement, ce qui est appréciable sur ST. On est dans un jeu de baston 1 contre 1, ce qui  peut sembler classique aujourd’hui, mais l’était beaucoup moins à l’époque, Street Fighter II n’étant pas encore sorti et la référence étant alors Yie Ar Kung-Fu.  Une vue de profil, des barres de vies (personnalisées pour chaque perso, la grande classe !), un score, ok, je ne suis pas dépaysé et je comprends vite l’objectif : bourrer la gueule du type d’en face ! J’essaye mes coups et j’en fais vite le tour : je peux avancer, reculer, sauter, me baisser, donner un coup qui tape au milieu, un qui frappe en haut, un qui touche en bas et un pseudo coup spécial qui ne diffère pas beaucoup du coup de base si ce n’est son animation amusante. Ici mon Jean-Paul II fait surgir une none de sous son aube et celle-ci vient frapper mon adversaire. J’avoue, je ris ! A ces coups de base à la portée plus que limitée s’ajoute une sorte de partenaire à la Marvel vs Capcom que vous pourrez solliciter en appuyant sur la touche 0 du pavé numérique. Là aussi, les animations de ces coups sont plutôt fun (un Ayatollah sur roulette se servant de son postérieur comme canon par exemple…) et ils permettent de toucher l’adversaire de loin. Par contre, je n’ai toujours pas compris si ils étaient limités ou non… je remarque juste qu’un temps d’attente est nécessaire entre deux utilisations. Histoire de perturber un peu les combats, des têtes d’autres marionnettes s’invitent dans le match, rebondissent et viennent frapper aléatoirement l’un ou l’autre des combattants.

Bon, même en ayant à peu près assimilé toutes les choses possibles à faire dans ce jeu, je trouve vite les combats répétitifs et pénibles… Pour faire mouche, les coups doivent être portés à une distance bien précise, pas trop loin, pas trop près, ce qui m’amène à donner les 3/4 de mes coups dans le vide. La portée des frappes étant quasiment la même pour les différents types de coups, j’en viens vite à juste bourriner mon bouton de feu tout en cherchant la bonne distance entre l’adversaire et moi. Ajoutez à cela un CPU très agaçant capable d’éviter tous vos coups en sautant comme Maître Yoda enragé et vous aurez bien du mal à ne pas perdre patience avant d’avoir vaincu les 6 personnages. Histoire de décourager les plus courageux, les matchs sont trèèèèèès longs ! Déjà par ce gameplay trop simpliste, mais surtout à cause du nombre de rounds à remporter dont je n’ai pas encore bien saisi le nombre exact, entre 3 et 4 selon votre progression dans le jeu. Dans tous les cas, il n’est pas rare de jouer 6 ou 7 rounds d’un même match ! Vu leur caractère hyper répétitif, ça tourne vite à la purge…

C’est vraiment dommage parce que visuellement, j’aime bien Spitting Image ! Bon, ok, graphiquement on a vu mieux sur ST, mais ça reste honnête, avec une palette de couleurs bien utilisée, des persos un peu petits mais suffisamment expressifs, et surtout des décors bourrés de détails amusants et d’animations sympathiques. Niveau sonore, c’est un peu triste avec des bruitages un peu basiques et une musique inexistante, excepté un petit rappel fugace du thème pour ponctuer la fin de chaque round.

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Fini de rire

J’éteins mon ST, je repose mes doigts meurtris par tant de violence envers mon joystick, j’éjecte le jeu et j’hésite à le ranger au plus profond de ma boîte de disquette, histoire de ne plus m’énerver dessus. Spitting image n’est clairement pas un bon jeu, son gameplay trop basique, ultra répétitif et mal branlé ne lui permettent même pas de rivaliser avec un Game & Watch. Il n’empêche que ce jeu mérite le coup d’oeil pour son ambiance « what the fuck » plutôt rare sur ST, ses animations marrantes et son côté 80’s qui plaira aux nostalgiques d’aujourd’hui. Je lui pardonne également pas mal de choses car il est l’un des rares jeux de versus fighting de la machine et a vu le jour bien avant la démocratisation du genre avec la sortie de Street Fighter II.

En bon produit dérivé qui se respecte, Spitting Image est sorti sur toutes les machines tendance de l’époque : ZX Spectrum, Amiga, Amstrad CPC et Commodore 64. La jaquette du jeu indiquait « disponible sur tous les ordinateurs (sauf ceux où il n’est pas disponible) », l’humour était aussi présent sur la jaquette ! Hormis la version Amiga quasi identique à la version ST, je trouve très peu d’intérêt dans les autres, dont la trop faible résolution empêche de profiter des caricatures de chaque personnage et des détails des décors, réduits au strict minimum.

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La note du gros JYP : 2etoiles

 

Marrant… 2 minutes

Spitting Image est comme une bonne blague : on rit mais on l’oublie très rapidement.

 

Ma vidéo de Gameplay sur 1 credit :

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